Activité câblière

Publié le 24 May 2019 — Modifié le 10 January 2020

L’importance mondiale des câbles sous-marins

Il existe deux catégories principales de câbles sous-marins : les câbles de télécommunications et les câbles électriques.

Un chiffre témoigne de l’importance mondiale des câbles de télécommunications : en 2013, environ 99 % des flux de données intercontinentaux (internet, téléphonie, télévision numérique) transitent par des câbles sous-marins. L’utilisation généralisée de ces câbles s’explique facilement : ils permettent une communication très fiable (en cas de rupture de l’un des câbles, des itinéraires alternatifs peuvent être empruntés) et donnent accès à une capacité de transit largement supérieure à celle proposée par les satellites. En 2018, on dénombre près de 450 câbles sous-marins de télécommunications.

Les câbles électriques sous-marins permettent quant à eux de desservir des zones déficitaires en production d’électricité (en particulier, des îles et des plateformes pétrolières), et d’acheminer vers le continent l’électricité produite par des sites offshore (le plus souvent, des éoliennes).

L’activité câblière

L’activité câblière comprend la fabrication, la pose et l’entretien de câbles sous-marins. La fabrication des câbles correspond à une production manufacturière de technique de pointe, tandis que la pose et la maintenance renvoient à des travaux spécialisés en mer, réalisés grâce à des câbliers[1].

Un nombre réduit d’entreprises opèrent dans les activités câblières. Toutefois, la flotte française de câbliers est importante puisqu’elle compte 10 navires câbliers (données 2017) sur une cinquantaine de navires opérant dans le monde.

Pour la pose des câbles, trois modalités techniques sont utilisées :

  1. les câbles sont posés sur le fond,
  2. ils sont fixés à l’aide d’ancres, de cavaliers ou de couvertures,
  3. les câbles sont « ensouillés » (enfouis sous le sol marin).

Le choix entre ces différentes possibilités dépend de la nature du fond (substrat meuble ou rocheux, etc.), de la présence d’écosystèmes sensibles et de l’existence d’autres usages des fonds.

Le marché des câbles

Les marchés de câbles sous-marins sont avant tout internationaux et portent sur les deux principales catégories d’équipement : les câbles de télécommunications et les câbles électriques. La demande de câbles de télécommunications se situe essentiellement en Afrique sub-saharienne, en Asie de l’Est et du Sud-Est, en Amérique latine et entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Avec l’augmentation du nombre de câbles sous-marins désaffectés dans les eaux européennes, l’activité de dépose (enlèvement) prendra très probablement une importance croissante dans l’économie du secteur.

L’impact environnemental

Les principales pressions exercées par la pose, la dépose et la maintenance de câbles sous-marins sont les suivantes :

  • l’abrasion et la turbidité liées à l’ensouillage des câbles. Les opérations de pose, d’entretien et d’enlèvement conduisent à extraire et à remettre en suspension des sédiments. Les volumes remis en suspension sont a priori plus faibles que ceux impactés par d’autres activités comme la pêche, l’extraction de matériaux marins ou encore l’immersion en mer de sédiments portuaires dragués. L’abrasion des fonds affecte les communautés biologiques vivant sur le fond (diminution de l’abondance et du nombre d’espèces), en particulier les organismes qui ont une faible capacité de fuite. Enfin, la redéposition des particules remises en suspension a un effet d’étouffement et de colmatage sur les habitats.
  • le bruit sous-marin généré par les opérations d’installation et de maintenance, notamment en cas d’ensouillage des câbles par trancheuse mécanique. Toutefois, les émissions sonores restent limitées à la durée des travaux.
  • la contamination par des substances dangereuses liée à l’usure des câbles anciens non ensouillés (métaux lourds et autres éléments chimiques) ou à la protection des câbles (en fonte ou en polymère) et leur résistance à la corrosion à l’eau de mer. Les impacts liés à ces contaminants chimiques sont mal connus et peu quantifiés.
  • l’augmentation de température et l’émission de champs électromagnétiques, induites par les câbles électriques. Une quantité d’énergie est perdue sous forme de chaleur lors du transport d’électricité, entraînant une hausse de la température à la surface et à proximité des câbles. Les impacts liés au dégagement de chaleur et aux champs électromagnétiques restent peu connus.
  • la modification de la dynamique sédimentaire résultant, dans certaines conditions, de l’enrochement des câbles.

Compatibilité des câbles avec les autres usages en mer

Plusieurs activités en mer peuvent endommager les câbles et interférer avec les activités de pose et de maintenance :

  • la pêche par des engins tractés sur le fond (risque de croche) : les impacts sont très fréquents ;
  • les ancrages : le risque est concentré à proximité des zones portuaires ;
  • les autres usages induisant des risques occasionnels : l’extraction de granulats marins, l’extraction pétrolière, la pose d’oléoducs et de gazoducs sous-marins, le clapage, etc.

[1] Navire spécialisé dans la pose, le relevage et l’entretien des câbles sous-marins.

En savoir plus

UMR AMURE (2019). Analyse économique et sociale : Rapport scientifique pour l’évaluation initiale 2018 au titre de la directive-cadre stratégie pour le milieu marin (DCSMM – directive n°2008/56/CE).