Un réseau trophique se définit comme l’ensemble des relations alimentaires entre espèces au sein d'un écosystème, par lesquelles l'énergie et la matière circulent. Dans le milieu marin, les relations trophiques prennent la forme d’un réseau, souvent d’une très grande complexité.
Un fonctionnement complexe et évolutif
La matière organique entre dans l’écosystème marin par la photosynthèse de différents organismes végétaux et par des apports extérieurs, en particulier des continents, principalement sous forme de matière détritique.
Le comportement alimentaire des organismes marins permet de les regrouper en 3 grandes catégories trophiques : les producteurs, les consommateurs et les décomposeurs.
Une analyse plus détaillée des régimes alimentaires permet de distinguer différents groupes trophiques tels que les producteurs primaires, les herbivores, les suspensivores, les déposivores, les détritivores, les carnivores, etc. Cependant, ce mode de regroupement a ses limites, comme en témoignent certaines espèces qui changent de mode de nutrition au cours de leur cycle de vie ou qui adoptent un comportement alimentaire différent suivant les sites et la disponibilité alimentaire.
En milieu marin, s’ajoute à la complexité du réseau trophique la complexité des échelles spatiales et temporelles. Chaque organisme composant le réseau trophique a en effet des capacités de déplacement différentes et occupe ainsi un espace aux dimensions variables selon les espèces considérées. De plus, on observe que l’occupation de ces différents espaces varie avec les saisons.
Des pressions anthropiques multiples
Comprendre le fonctionnement des écosystèmes marins est essentiel pour prévoir l’effet des pressions directes et indirectes exercées par l’homme. Ces pressions sont multiples :
- la pêche,
- les déplacements d’espèces potentiellement invasives,
- les modifications des fonds qui peuvent bouleverser la biodiversité,
- les changements climatiques qui jouent sur le réchauffement climatique mais aussi sur une augmentation
de fréquence des évènements extrêmes, - l’acidification de l’eau,
- l’urbanisation côtière,
- la pollution, etc.
Il est essentiel d’étudier ces pressions, de même que la réaction des réseaux trophiques et des espèces qui le composent, sous un angle permettant d’observer si les effets s’additionnent, se multiplient ou se compensent. C’est ce qu’on appelle l’étude du cumul d’impacts.
Mesurer l’état de santé du réseau trophique
La Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin (DCSMM) vise l’atteinte ou le maintien d’un bon état écologique du milieu marin à l’horizon 2020, à travers 11 thématiques appelées également descripteurs. Elle est la première directive européenne qui considère les réseaux trophiques comme une thématique à part entière.
Dans le cadre de cette directive, un groupe de travail du CNRS a été mandaté pour traiter des aspects scientifiques se rapportant au descripteur « Réseaux Trophiques ». Il a proposé un indicateur permettant de décrire l’état de santé d’un réseau trophique, basé sur le niveau trophique moyen des espèces qui composent un écosystème.
On considère le niveau trophique égal à 1 pour les plantes et les détritus, 2 pour ceux qui les mangent, 3 pour ceux qui mange ces derniers, etc. Certaines pressions comme la surpêche peuvent provoquer un raccourcissement des différentes chaînes qui composent le réseau trophique. On voit alors le niveau trophique moyen des animaux composant l’écosystème diminuer.