Les océans abritent une multitude d’êtres vivants, dont la diversité biologique est essentielle à l’équilibre des écosystèmes. Si beaucoup restent méconnus, certains groupes jouent un rôle primordial dans le fonctionnement et la structure des écosystèmes marins. C’est le cas des poissons et des céphalopodes.
Les poissons, une diversité exceptionnelle
Sur les trois façades maritimes de la France métropolitaine (Manche, Atlantique et Méditerranée), on recense plus de 700 espèces de poissons marins, classées en 185 familles. La majorité est répartie en deux groupes : les chondrichtyens et les actinoptérygiens. Les premiers sont des poissons cartilagineux, tels que les raies et les requins, les seconds sont des poissons osseux, considérés comme les poissons ordinaires. Les autres espèces sont regroupées d’après leurs caractères particuliers (pétromyzontides, sarcoptérygiens ou myxinoïdes).
Les poissons marins vivent principalement sur le plateau continental, entre l’estran et les abysses. Les milieux profonds abritent quant à eux une diversité encore méconnue. Les diverses communautés sont structurées par des paramètres environnementaux tels que la profondeur, la température de l’eau ou la nature des fonds marins. On les classe selon leur répartition dans la colonne d’eau :
- les poissons pélagiques : ils vivent dans les eaux proches de la surface (sardine, anchois, thon rouge) ;
- les poissons démersaux : ils vivent au-dessus du fond (dorade royale, merlu européen, morue) ;
- les poissons benthiques : ils vivent en rasant le fond (raie bouclée, baudroie, sole commune).
Certains poissons partagent leur cycle de vie entre le milieu marin et les eaux continentales. On parle de poissons amphihalins ou migrateurs.
Cette grande diversité induit une grande hétérogénéité des comportements dits sociaux. Toutefois, on note un instinct grégaire chez une majorité de poissons marins, qui forment des bancs pour se nourrir, se protéger, se reproduire ou encore se déplacer plus efficacement.
Les céphalopodes, une espèce sentinelle
Les céphalopodes sont des animaux invertébrés, dont les tentacules à ventouses sont reliés à leur tête.
Ils présentent eux aussi une grande diversité, avec près de 300 espèces recensées. Dans les eaux marines métropolitaines, on retrouve essentiellement la seiche commune, le calmar commun, l’encornet veiné et le poulpe commun.
Les céphalopodes sont considérés comme les mollusques les plus sophistiqués en termes de morphologie, d’anatomie, de physiologie et de comportement. Leur mode de vie se rapproche de celui des poissons marins. Les seiches, calmars et encornets vivent par exemple en bancs généralement très denses, en particulier au moment de leur migration. Les céphalopodes se reproduisent puis meurent à un âge compris entre un et deux ans : associée à une fertilité importante, cette succession rapide des générations fait de ces espèces mobiles des populations très productives qui se renouvellent rapidement.
Les caractéristiques uniques des céphalopodes les prédisposent à une certaine flexibilité face à un environnement en mutation. La sensibilité de ce groupe pourrait par conséquent servir d’indicateur pour l’étude des impacts des changements environnementaux sur le milieu marin : on parle d’espèce sentinelle.
Des communautés sous pression
Poissons et céphalopodes sont des espèces essentielles. Leur diversité joue un rôle majeur dans la stabilité des écosystèmes et dans la production de richesses économiques (produits de la pêche et de l’aquaculture, substances actives pour la médecine). Or les populations de poissons et de céphalopodes sont soumises à de nombreuses pressions, tant humaines (extraction par la pêche, contamination du milieu) qu’environnementales (température, évènements extrêmes). Leur capacité de résistance aux perturbations et par conséquent leurs fonctions écosystémiques pourraient en être affectées. Ce lien est complexe et nécessite de renforcer les travaux de recherche afin d’améliorer notre compréhension des fonctions écologiques que remplissent les poissons et les céphalopodes.