Les ports maritimes, qu’ils soient commerciaux, de pêche ou de plaisance, doivent maintenir des conditions d’accessibilité adéquates pour tous les navires. Ceci implique d’entretenir leurs chenaux d’accès et de procéder à des opérations d’enlèvement des sédiments présents.
Le dragage portuaire, indispensable au trafic maritime
Les bateaux, pour naviguer et manœuvrer, ont besoin d’une hauteur d’eau sous la coque qui dépend de leur tirant d’eau. Or dans les ports, cette hauteur d’eau peut varier et se réduire au fil du temps du fait du dépôt permanent de sédiments dans les chenaux de navigation ou au sein des bassins portuaires, confinés et peu brassés.
Pour maintenir de bonnes conditions d’accessibilité et faciliter le trafic maritime, les gestionnaires portuaires sont donc amenés à procéder à des opérations d’enlèvement de ces sédiments : on parle de dragage portuaire. La fréquence de dragage varie selon la taille des ports, leur localisation et le trafic maritime qu’ils génèrent.
Les différents types de dragage portuaire
Outre la gêne occasionnée pour les déplacements et l’accès aux ports des bateaux, qui risquent l’envasement ou l’ensablement, ces sédiments sont également de potentiels accumulateurs d’éléments polluants arrivant depuis les bassins versants ou émanant des activités portuaires.
Les enlever est donc une nécessité, parfois vitale pour l’exploitation des ports.
Les opérations de dragages portuaires sont essentiellement de deux types :
- les dragages dits d’entretien, permettant de rétablir ou maintenir la circulation et la sécurité des navires,
- les dragages liés à l’aménagement de nouvelles aires portuaires ou de nouveaux espaces navigables.
En France, près de 35 millions de m³ de sédiments sont ainsi dragués et déplacés chaque année.
Les impacts des opérations de dragage et d’immersion
Environ 95 % des sédiments dragués sont rejetés en mer ou en estuaire. Le reste est stocké ou valorisé à terre, par exemple dans le cadre du rechargement des plages.
Les gestionnaires des ports sont responsables des opérations de dragage et de la gestion des sédiments une fois enlevés. Ces actions indispensables de déplacement des sédiments ne sont toutefois pas sans conséquences. Elles ont en effet des impacts physiques, chimiques ou encore microbiologiques sur les milieux d’origine et/ou les milieux récepteurs des matériaux dragués :
- modification physique des lieux (écrasement ou étouffement des organismes marins lors des immersions par exemple),
- modification des conditions hydro-sédimentaires ou remobilisation des polluants chimiques (traces métalliques, hydrocarbures, pesticides, etc.),
- répercussions sanitaires (bioaccumulation de polluants le long de la chaîne alimentaire, déplacement de bactéries ou de virus potentiellement pathogènes vers des zones de baignade ou de cultures marines, etc.).
La réglementation applicable aux opérations de dragage et d’immersion
Les activités de dragage et d’immersion portuaires méritent donc un suivi et une attention particulière.
Au niveau international, diverses conventions (OSPAR, Londres et Barcelone) fixent les lignes directrices et les procédures associées à ces activités.
Au niveau communautaire, plusieurs directives européennes, qui doivent être transposées en droit français, fixent des règles et objectifs à atteindre en lien avec les sédiments de dragage, dont ceux gérés à terre (Directive Cadre sur les Déchets 2008/98/CE, Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin 2008/56/CE, Directive Cadre sur l’Eau 2000/60/CE).
Au niveau national, la France s’engage, dans le cadre des conventions internationales et sous l’autorité du ministère chargé de l’environnement, à effectuer un travail de suivi et de recensement des activités de dragage et immersion. Elle recense les opérations qui se déroulent sur l’ensemble de son territoire et répertorie les éléments quantitatifs et qualitatifs relatifs à la nature des sédiments qu’elle rejette dans les mers et océans.